Les huiles essentielles sont de plus en plus utilisées en complément ou à la place des médicaments traditionnels pour soulager les effets secondaires des traitements allopathiques anticancéreux.
« Je les utilise régulièrement parce qu’elles sont efficaces et donnent de très bons résultats sur les effets secondaires des traitements de chimiothérapie et de radiothérapie, traitements conventionnels contre le cancer », explique le Dr Anne-Marie Giraud, médecin généraliste, spécialisée dans le suivi des patients atteints de cancer, aromathérapeute et phytothérapeute.
D’ailleurs, elles sont de plus en plus utilisées à la demande des patients qui souffrent de ces effets secondaires. Les personnes se retrouvent parfois un peu seules face aux effets secondaires, elles n’osent pas toujours en parler à l’équipe médicale qui les suit à l’hôpital. Même si de plus en plus de services de cancérologie s’ouvrent à l’utilisation des plantes et des huiles essentielles comme des approches complémentaires, de nombreux oncologues se méfient des interactions avec les médicaments allopathiques.
Un emploi à bien maîtriser
De plus, les traitements de chimiothérapie sont lourds sur le plan chimique. Les personnes cherchent aussi à se tourner vers des solutions plus « naturelles » pour mieux gérer les effets secondaires de leurs traitements sans surcharger plus leur foie ou leurs reins, déjà très sollicités par les chimiothérapies. « Le bouche-à-oreille fonctionne aussi très bien, que ce soit dans les associations, les taxis ou les salles d’attente, les malades ont le temps d’échanger sur les résultats obtenus », précise Anne-Marie Giraud. Enfin, les huiles essentielles sont parfois plus efficaces que les médicaments conventionnels proposés pour soulager ces troubles et (ou) elles agissent avec bien moins d’effets secondaires.
Toutefois, il ne s’agit pas de les utiliser sans certains garde-fous. « C’est vrai qu’il faut rester vigilant et bien connaître les propriétés des huiles essentielles, car certaines peuvent être contre-indiquées en fonction de telle ou telle pathologie, note Anne-Marie Giraud. Elles sont riches en principes actifs, puissantes et très efficaces à condition de bien les utiliser et pour cela il faut avoir des connaissances médicales et d’aromathérapie, poursuit Anne-Marie Giraud. Certaines autres huiles ont une activité œstrogène-like (il en existe une vingtaine). Elles ne doivent pas être utilisées chez les femmes atteintes d’un cancer du sein hormonodépendant. »
Mais, bien choisies, les huiles essentielles vont apporter un soulagement, un soutien à la personne malade. Et par une prise en compte holistique, elles peuvent lui donner la force d’aller jusqu’au bout du traitement de chimiothérapie. Parmi leurs effets secondaires fréquents, nous en avons choisi trois dont on peut venir à bout avec des huiles essentielles. Les synergies proposées sont simples et faciles d’emploi, l’une d’entre elles étant efficace par olfactothérapie.
Soulager la mucite
Beaucoup de traitements anticancéreux provoquent des irritations et des lésions de la bouche que l’on englobe sous le terme de mucite (aphtes, ulcérations au niveau de la bouche et de la gorge). On préconise de soulager ces maux avec des bains de bouche à base de bicarbonate et d’antiacides, pas toujours efficaces. « Les traitements allopathiques proposés ne présentent pas d’effets secondaires, mais les huiles essentielles sont souvent plus efficaces que les bains de bouche », admet Anne-Marie Giraud. Elle recommande le laurier noble en prévention, car il est anti-inflammatoire et antalgique : une goutte dans une cuillère à café d’huile végétale à faire émulsionner avec de la salive, puis à avaler.
Formule anti-mucite
Propriétés : Antimycosique, antibactérien, désinfectant, anti-inflammatoire, antifongique.
Indications : Calmer les inflammations de la bouche.
En gargarisme
- HE d’arbre à thé (Melaleuca alternifolia) 3 gouttes
- HE de citron jaune (Citrus limonum) 3 gouttes
- Trois sachets de sucralfate (Spécialités Ulcar ou Kéal, en pharmacie)
- Bicarbonate liquide à 1,4 % 500 ml (En pharmacie)
Mode d’emploi : Mélanger chacun des ingrédients dans le flacon de bicarbonate liquide. Agiter, c’est prêt ! Faire des gargarismes avec ce mélange jusqu’à trois fois par jour en préventif et cinq fois par jour en curatif après les repas. À conserver au réfrigérateur uniquement pendant vingt-quatre heures.
Diffuser des huiles essentielles, c’est bon pour le moral !
Les huiles essentielles en diffusion, c’est la bonne idée pour aider à garder le moral quand les traitements paraissent trop lourds et (ou) à lutter contre la fatigue (même si elle est naturelle et doit amener à un repos suffisant). Pour bénéficier au mieux des atouts de l’olfaction, il faut prévoir une heure de diffusion dans la pièce où l’on se trouve, à un moment où on est le plus réceptif (en période de repos ou de lecture par exemple). Les huiles essentielles de pin sylvestre ou de menthe poivrée sont efficaces pour diminuer la fatigue, les huiles essentielles de lavande, d’orange douce et de lavande fine aident à garder le moral.
Soigner les ongles
Le taxotère, très utilisé dans les protocoles de chimiothérapie en cas de cancer du sein, des poumons ou de la prostate est connu pour provoquer des lésions plus ou moins importantes au niveau des ongles. Ils peuvent noircir, se fragiliser, se strier, voire, tomber. « On trouve sur le marché quelques vernis, mais leur efficacité est loin d’être optimale », précise Anne-Marie Giraud. Là encore, les huiles essentielles présentent une alternative à ne pas négliger. « On peut avoir de très bons résultats au niveau des ongles en prenant certaines huiles essentielles par voie orale, l’hélichryse italienne notamment. Mais la prescription et la posologie doivent être encadrées par un médecin, car il existe des contre-indications en rapport avec des traitements allopathiques (anticoagulants) ou avant une intervention chirurgicale », prévient la médecin. En application locale, l’hélichryse italienne (ou immortelle) peut être utilisée sans risque, en la mélangeant à hauteur de 15 à 20 % maximum dans de l’huile végétale d’argan. À renouveler plusieurs fois en massage préventif sur les ongles des mains et des pieds.
Formule pour les ongles
Propriétés : Régénération des ongles.
Indications : Traiter les ongles fragilisés.
Voie locale
HE de citron (Citrus limon) 50 gouttes
HV de ricin (Ricinus communis) 10 ml
Traitement : Verser les huiles essentielles dans un flacon à vernis à ongles vide de 10 ml.
Déposer une goutte sur l’un des ongles le soir et l’étaler sur tous les autres et les cuticules. À faire pendant la durée des soins et tant que les ongles restent abîmés.
Précautions d’emploi : Le citron est photosensibilisant. Ce soin est donc à utiliser le soir uniquement.
Calmer les nausées
Tous les protocoles de chimiothérapie ne sont pas émétisants (ne provoquent pas de nausées). Mais certains en revanche peuvent déclencher des épisodes nauséeux pénibles, surtout si l’on y est sensible. Il arrive même que des patients développent une réaction psychologique et ressentent la nausée en franchissant la porte de l’hôpital. « Il existe des traitements allopathiques très puissants pour lutter contre les nausées, précise Anne-Marie Giraud. Ce sont des antiémétiques comme l’Emend ou le Zophren. Mais ils entraînent une constipation qu’il faut alors traiter avec d’autres traitements chimiques. » Soulager les nausées sans effets indésirables, c’est le credo de l’aromathérapie, et plus particulièrement d’une huile essentielle. Laquelle ? L’huile essentielle de citron (Citrus Limonum), à elle seule, soulage plus de 90 % des personnes présentant des nausées ou des vomissements, précise notre experte. Elle peut être prise la veille ou l’avant-veille d’une chimiothérapie ou pendant, voire le lendemain. On prendra deux à trois gouttes d’HE de citron deux à trois fois par jour en l’avalant avec un peu de miel ou de l’huile végétale ou en massant avec une ou deux gouttes déposées sur le poignet. Elle peut même soulager les nausées d’origine psychologique. » Comment ? En respirant simplement l’huile essentielle de citron. On parle alors d’olfactothérapie. Cette huile présente même un intérêt en combinaison d’un médicament antinauséeux, car elle combat la constipation. Pour les 10 % de nauséeux qui ne sont pas soulagés par le citron, Anne-Marie Giraud conseille de se tourner vers l’HE de menthe poivrée (Mentha piperita) que l’on utilisera en massage en déposant deux gouttes sur le poignet. Il est possible aussi de la respirer dans un flacon ou de l’avaler (une goutte dans une cuillère à café de miel d’agave et de l’huile végétale).
Formule contre la nausée
Propriétés : Antinauséeux.
Indications : Prévenir et calmer les nausées.
À respirer
HE de menthe poivrée (Mentha piperita) 50 gouttes
HE de citron jaune (Citrus limonum) 50 gouttes
HE de menthe verte (Mentha spicata) 25 gouttes
Mode d’emploi : Mélanger les huiles essentielles dans un flacon de 10 ml. Imbibez la mèche d’un stick inhalateur avec dix gouttes de ce mélange ou déposer trois gouttes sur un mouchoir.
Respirer aussi souvent que nécessaire en cas de nausée. Formule contre-indiquée chez la femme enceinte et allaitante.
Variante : On peut remplacer l’HE de menthe verte par 25 gouttes d’HE de gingembre frais.
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