Comment se protéger vraiment des fortes chaleurs ?
Avec le rĂ©chauffement climatique, la question des effets de la chaleur sur la santĂ© et les moyens de se protĂ©ger efficacement en cas de canicule se pose avec plus dâacuitĂ©. Les chercheurs ont Ă©tabli les profils des personnes les plus Ă risque et ont Ă©valuĂ© les moyens de se protĂ©ger de la chaleur. Et il sâavĂšre que les recommandations des autoritĂ©s de santĂ© ne sont pas toujours validĂ©es par les scientifiques.
Comment se régule la température corporelle
Le corps humain est bien conçu et il possĂšde son propre systĂšme de « climatisation » : pour faire diminuer sa tempĂ©rature, il produit de la transpiration, augmente la frĂ©quence cardiaque et redirige le flux sanguin vers la peau (1). Mais chez certaines personnes les mĂ©canismes de thermorĂ©gulation fonctionnent moins bien ; câest le cas des personnes ĂągĂ©es, de celles prenant certains mĂ©dicaments au long cours et des jeunes enfants. Chez les personnes ĂągĂ©es, la moins bonne tolĂ©rance Ă la chaleur pourrait plus ĂȘtre due Ă un manque dâactivitĂ© physique et Ă des maladies chroniques quâĂ lâĂąge lui-mĂȘme (2).
Sâil fait trop chaud dehors, et que la rĂ©gulation de la tempĂ©rature se fait mal, on court des dangers plus ou moins importants. Surtout que la chaleur peut exacerber les symptĂŽmes de maladies dĂ©jĂ prĂ©sentes (respiratoires, cardiovasculaires et rĂ©nales notamment).
Les problÚmes de santé encourus par forte chaleur
Outre la dĂ©shydratation, le premier signe dâune maladie due Ă la chaleur est bien souvent ce quâon appelle lâĂ©puisement par la chaleur. Ce dernier est provoquĂ© par une perte d’eau et de sel. Voici certains de ses symptĂŽmes :
- TempĂ©rature corporelle normale ou Ă©levĂ©e, mais qui n’atteint pas les 40 °C
- Transpiration abondante
- Peau pĂąle
- Respiration rapide et superficielle
- Pouls rapide et faible
- Mal de tĂȘte
- Nausées, vomissements ou diarrhée
- Ătourdissements, faiblesse ou perte de conscience
- Crampes de chaleur
- Ăpuisement
Puis si la tempĂ©rature nâest toujours pas rĂ©gulĂ©e vient le coup de chaleur qui est une urgence mĂ©dicale pouvant entraĂźner, dans 15% des cas traitĂ©s, un dĂ©cĂšs. Les principaux signes dâun coup de chaleur sont les suivants :
- Augmentation de la température corporelle de base à 40,6 °C ou plus
- Perturbation du systĂšme nerveux central (comportements Ă©tranges, confusion, instabilitĂ© Ă©motionnelle, comportements irrationnelsâŠ)
- Nausées, vomissements ou diarrhée
- Mal de tĂȘte
- Ătourdissements ou faiblesse
- Fréquence cardiaque accrue
- Respiration rapide
En pĂ©riode de canicule, lâadmission Ă lâhĂŽpital de personnes souffrant de maladies respiratoires est plus importante dans les pays europĂ©ens. La mortalitĂ© liĂ©e Ă la chaleur est Ă©valuĂ©e lorsque les effets dâune vague de forte chaleur sur la santĂ© se font sentir le jour-mĂȘme ou dans les deux jours qui suivent. La plupart des Ă©tudes prennent aussi en compte lâhumiditĂ© de lâair.
Les personnes les plus Ă risque pendant une canicule
Selon une méta-analyse (3), le risque de mortalité liée à la chaleur est plus élevé chez des personnes:
- alitées,
- souffrant de maladie psychiatrique, de problÚmes cardio-respiratoires, ou rénaux
- ne sortant pas de leur maison tous les jours,
- dans lâincapacitĂ© de sâoccuper seules dâelles-mĂȘmes.
Les médicaments dangereux en cas de canicule
Certains mĂ©dicaments augmentent le risque de maladies liĂ©es Ă la chaleur. Les diurĂ©tiques et les inhibiteurs de conversion de lâangiotensine sont soupçonnĂ©s dâaugmenter le phĂ©nomĂšne de dĂ©shydratation tout en rĂ©duisant le flux sanguin allant vers les reins. Les bĂȘtabloquants et certains mĂ©dicaments prescrits contre lâangine de poitrine influent sur le rythme cardiaque, empĂȘchant le cĆur dâaccĂ©lĂ©rer pour faire face Ă la chaleur. Les antidĂ©presseurs anticholinergiques et tricycliques rĂ©duisent eux la transpiration. Les sĂ©datifs et les antalgiques peuvent pour leur part rĂ©duire la sensation de chaleur. Les mĂ©dicaments les plus dangereux sont les diurĂ©tiques, les anticholinergiques et les neuroleptiques.
Les moyens de protection validés par la science (4)
- Boire plus dâeau, sans attendre dâavoir soif (notamment pour les personnes ĂągĂ©es)
- Aller le plus possible dans un lieu rafraĂźchi par lâair conditionnĂ©, surtout quand on est une personne particuliĂšrement Ă risque. Cependant certaines personnes peuvent avoir du mal avec la climatisation.
- Prendre des douches ou bains frĂ©quents et porter des vĂȘtements non serrĂ©s, flottants, surtout si on nâa pas accĂšs Ă des espaces climatisĂ©s.
- Réduire son activité physique.
- En cas de prise de mĂ©dicament interfĂ©rant avec la thermorĂ©gulation, demander conseil Ă son mĂ©decin sur les signes Ă Ă©valuer soi-mĂȘme.
Les autres mesures de protection des autorités de santé
- Ne pas boire dâalcool
- Porter un chapeau
- Se protéger du soleil
- Ne pas laisser les enfants et les animaux dans une voiture garée et fermée
- Ăviter de sortir aux heures les plus chaudes
Les recommandations non validées par la science
Lâutilisation dâun ventilateur est souvent la premiĂšre mesure prise en cas de chaleur mais comme elle conduit Ă une dĂ©shydratation, elle nâest pas conseillĂ©e par les autoritĂ©s de santĂ©. Notez cependant que cette dĂ©shydratation nâest pas dĂ©montrĂ©e rigoureusement. Consommer de lâalcool nâest pas recommandĂ© en gĂ©nĂ©ral mais les boissons peu alcoolisĂ©es ne devraient pas ĂȘtre mise dans le mĂȘme sac que les spiritueux selon les scientifiques, tant quâelles ne sont pas diurĂ©tiques. De mĂȘme, lâinterdiction de consommer du cafĂ©, du thĂ© ou des boissons cafĂ©inĂ©es nâest pas prouvĂ©e scientifiquement.
Références
(1) Sessler DI. Thermoregulatory defense mechanisms. Crit Care Med 2009;37 (7 suppl):S203â10.
(2) Pandolf KB. Aging and human heat tolerance. Exp Aging Res 1997; 23: 69â105.
(3) Bouchama A, Dehbi M, Mohamed G, Matthies F, Shoukri M, Menne B. Prognostic factors in heat wave related deaths: a metaanalysis. Arch Intern Med 2007; 167: 2170â76.
(4) Shakoor Hajat, Madeline OâConnor, Tom Kosatsky. Health effects of hot weather: from awareness of risk factors to effective health protection. Lancet 2010; 375: 856â63